L’univers de la sneaker est un monde qui ne dort jamais. Dans cet immense labyrinthe de cuir, de tissu et de caoutchouc, on croise de tout. Des objets de convoitise, des créations artistiques, des collaborations inattendues, et parfois, des chaussures qui font scandale. Aujourd’hui, nous allons nous arrêter sur l’une d’entre elles : la Nike SB Dunk low Black and Tan, une chaussure qui aura réussi, malgré elle, à éveiller les vieux démons de l’histoire irlandaise.
Nike SB Dunk low Black and Tan : une sneakers meurtrière ?
La Nike SB Dunk low Black and Tan fait partie de ces sneakers qui ont marqué les esprits, mais pas forcément pour les bonnes raisons. Sortie en 2012 à l’occasion de la Saint-Patrick, cette chaussure de skate a provoqué un véritable tollé en Irlande. Pour comprendre pourquoi, il faut d’abord comprendre ce qu’est cette chaussure.
La Nike SB Dunk low Black and Tan est une chaussure de skate, issue de la gamme Nike SB. Elle arbore un design sobre et épuré, avec une combinaison de couleurs noir et beige qui rappelle la célèbre bière irlandaise Guinness. Une image d’une pinte de cette boisson est d’ailleurs imprimée sur la semelle intérieure de la chaussure, histoire de rappeler le contexte festif de la Saint-Patrick.
L’histoire derrière la couleur
Le choix des couleurs n’était pas anodin. La Nike SB Dunk low Black and Tan voulait rendre hommage à la célèbre boisson irlandaise, la Guinness, dont la mousse blanche contraste avec le liquide noir. C’est ce contraste qui a donné son nom à la chaussure : Black and Tan se traduit littéralement par « Noir et Beige ».
Mais ce que Nike ignorait, c’est que l’expression « Black and Tan » avait une tout autre résonance en Irlande. Durant la guerre d’indépendance irlandaise dans les années 1920, un groupe paramilitaire appelé les « Black and Tans » fut envoyé par l’armée britannique pour réprimer les indépendantistes irlandais. Ces troupes, vêtues d’uniformes mi-beige mi-marron, sont encore aujourd’hui associées à de nombreux actes de violence et d’atrocités.
Le scandale éclate
La sortie de la Nike SB Dunk low Black and Tan a donc été vécue comme une provocation en Irlande. Pour beaucoup, Nike semblait célébrer et faire la promotion d’un groupe paramilitaire responsable de nombreux crimes de guerre. Le scandale a été d’autant plus grand que la chaussure a été lancée à l’occasion de la Saint-Patrick, une fête nationale très importante pour les Irlandais.
Face à la polémique, Nike s’est rapidement excusé et a affirmé que l’association avec les « Black and Tans » n’avait en aucun cas été intentionnelle. La marque a simplement voulu rendre hommage à la bière irlandaise et à la fête de la Saint-Patrick, sans penser une seconde à la connotation historique de l’expression « Black and Tan ».
Les leçons à tirer
Le scandale de la Nike SB Dunk low Black and Tan nous rappelle que l’histoire est partout, même là où on ne l’attend pas. Une simple paire de chaussures de skate peut éveiller de vieux démons et provoquer une véritable tempête médiatique.
Pour une marque comme Nike, l’incident est une leçon d’humilité et un rappel que chaque détail compte. Dans le monde des sneakers, où les collaborations et les hommages sont monnaie courante, il est crucial de faire preuve de sensibilité et de connaissance de l’histoire et de la culture.
La Nike SB Dunk low Black and Tan restera donc comme une sneakers meurtrière, non pas au sens propre, mais au sens figuré. Une chaussure qui a réveillé les fantômes du passé, mais qui a aussi permis de prendre conscience de l’importance du détail et de l’histoire dans la création d’une sneaker. Une leçon que Nike, et l’industrie de la sneaker en général, n’oublieront sans doute pas de sitôt.