Dans l’écosystème de la mode et des tendances, le 14 novembre 2023 restera gravé comme le jour où le resell de sneakers a tremblé sur ses fondations. Les deux géants de la revente de sneakers, Kikikickz et Restocks, ont officiellement déposé le bilan. Ces mastodontes du marché ont été mis en liquidation judiciaire, semant le doute sur l’avenir du secteur de la revente de sneakers.
Deux ténors du marché des sneakers en difficulté
Pour les initiés, l’annonce de la faillite de Kikikickz et Restocks n’est pas tombée comme un coup de massue. Les signes avant-coureurs étaient visibles depuis des mois. Des délais de paiements qui s’allongeaient, des clients mécontents qui ne recevaient jamais leur commande, et une dette qui ne cessait de croître. L’avertissement était clair : le déclin de ces deux plateformes était inévitable. Et pourtant, pour le grand public, tout semblait aller pour le mieux. Des vidéos avec des influenceurs, des pages TikTok dynamiques, de loin, tout brillait.
Les mirages de l’expansion rapide
Initialement, Kikikickz et Restocks avaient réussi à grimper rapidement sur le podium du marché des plateformes de reventes. Restocks, né aux Pays-Bas en 2017, avait été le fruit de l’ambition de son fondateur Fouad Hamaidouch, qui avait surfé avec brio sur la vague montante du marché de la sneaker. Kikikickz, de son côté, a vu le jour en 2020, sous l’impulsion de Kilian Driss, un entrepreneur français qui avait flairé l’opportunité du marché en plein boom. Ces deux entreprises ont connu une ascension fulgurante, générant des millions d’euros de chiffre d’affaires.
Cependant, cette expansion rapide a été un double tranchant. Au fur et à mesure que ces plateformes se développaient, les problèmes se sont accumulés. Entre les systèmes de gestion de paiements archaïques, des marges bénéficiaires trop faibles pour soutenir l’expansion et une concurrence de plus en plus féroce, la chute était inévitable.
Un marché des sneakers en pleine mutation
Le marché du resell de sneakers a connu une évolution significative ces dernières années. Les prix exorbitants des sneakers en resell ont commencé à refroidir de nombreux acheteurs. La popularité grandissante de marques comme Asics, NB, Adidas, ou encore Salomon ont également joué en défaveur des géants du resell. Le public est devenu plus exigeant, et le marché du resell a dû s’adapter.
Les deux entreprises ont tenté de surfer sur cette vague de changement, mais elles ont trébuché en chemin. La faillite de Kikikickz et Restocks a révélé une réalité brutale : le resell n’est plus aussi rentable qu’il l’était auparavant.
Des stratégies douteuses ?
Les problèmes de liquidités de ces deux entreprises ont fait l’objet de nombreux débats. Certains ont pointé du doigt une mauvaise gestion, tandis que d’autres ont suggéré des tentatives de fraude. Le fondateur de Kikikickz, par exemple, a été impliqué dans des projets NFT controversés, ce qui a suscité des interrogations sur sa gestion de l’entreprise.
Cependant, il est important de souligner que l’échec de ces deux plateformes ne signifie pas nécessairement la fin du marché du resell de sneakers. D’autres acteurs, comme StockX et WeTheNew, continuent de prospérer malgré la conjoncture défavorable. La faillite de Kikikickz et Restocks est un rappel brutal que le succès dans l’industrie du resell de sneakers n’est pas garanti, et que la réussite requiert plus que de simples stratégies marketing.
L’histoire de la chute de Kikikickz et Restocks est un avertissement pour tous les acteurs du marché du resell. Dans un secteur en constante évolution, il est essentiel de rester agile, d’innover constamment et de toujours garder un œil sur l’équilibre financier. Le resell de sneakers n’est pas mort, mais il a certainement changé. Il sera intéressant de voir comment le marché se réinvente à la suite de cette crise.